Mais qu’est-ce qui se cache dans ces tiroirs ?
Bien que je n’en porte jamais, le chapeau est une des pièces du vestiaire que je préfère et qui m’inspire le plus. Borsalino à la Don Corleone, extravagances à la Stephen Jones ou capelines acidulées à la « Demoiselles de Rochefort », le couvre-chef, qu’il plaise ou non, laisse rarement indifférent.
L’exposition « Une vie de chapeaux. Un chapeau pour chaque tête? » présentée au Musée de la Vie wallonne de Liège aborde le sujet sous un angle inattendu et à travers une scénographie particulièrement originale.
L’exposition n’est pas grande mais elle est très bien documentée. Au fil des vitrines, on découvre les techniques diversifiées du modiste, les matériaux et outils utilisés et l’histoire du rôle du chapeau dans nos sociétés.
Au cours de ma visite, j’ai appris entre autres que le feutre utilisé pour la conception des chapeaux est fabriqué à partir de poils de lapin (c’est peut-être basique, mais moi je l’ignorais) ;
Que le Chapelier fou de Lewis Caroll est inspiré par un fait réel : au XIXe siècle, certains chapeaux étaient traités avec un produit à base de mercure, d’où de sérieux dégats sur les neurones des personnes qui les portaient ;
Qu’à la même époque, pour les chapeaux de « demi-deuil » (ça veut dire quoi, qu’on est « demi-triste » ???), la couleur mauve et quelques fleurs étaient tolérées, contrairement aux chapeaux de grand deuil qui eux étaient totalement noirs ;
Que jusque dans les années 30, il était obligatoire de se couvrir la tête pour sortir dans la rue.
A l’époque, le chapeau indiquait l’apparenance à une classe sociale, mais il était aussi un moyen de se fondre dans la masse. Aujourd’hui, le port du chapeau dans la société occidentale est plutôt un moyen de se distinguer.
En témoigne le magnifique chapeau créé par Elvis Pompilio pour Amélie Nothomb, véritable signature de la romancière. Ce modèle est incroyable car il est à la fois sobre et terriblement excentrique.
Selon sa propriétaire, il permet d’attirer l’attention sur lui-même et non pas sur celle qui le porte… Finalement, l’idée de se fondre dans la masse demeure en filigrane.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, à chaque moment de la vie religieuse ou civile correspondait un chapeau : baptême, communion, mariage, vacances en bord de mer (rhooooooooooooo ces petits bérets de marin à pompom typiques de la mode enfantine… adorables !), décès… Les chapellerires foisonnaient dès lors dans les rues des villes.
Aujourd’hui, le chapeau est en perte de vitesse. A part lors des mariages et à l’occasion de soirées prout-prout auxquelles le commun des mortels n’est de toute façon pas convié, peu de personnes l’assument encore, et c’est bien dommage. Parce que ça mettrait un peu de vie et d’élégance dans nos rues souvent tristounettes.
Mais ne désespérons pas… La mode n’est-elle pas un éternel recommencement ?
Outils utilisés pour la fabrication de fleurs artificielles. Un exemple de ce qui se cache dans les fameux tiroirs.
Pour plus d’infos sur l’exposition, cliquez ici.
Un petit conseil si vous vous y rendez :
Faites un détour par le deuxième étage du musée pour une découverte de la vie wallonne ancienne et actuelle. Jouets, vêtements, photos, objets de la vie quotidienne, oeuvres cinématographiques… De quoi ravir les yeux !
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