Toi qui te demandes comment laver ton linge plus blanc que blanc, comment cuisiner un succulent civet, comment installer tes invités à table en respectant les règles de la bienséance… Bref, toi qui cherches à devenir une ménagère hors pair, consulte » Le Savoir-faire et le savoir-vivre, Guide pratique de la vie usuelle à l’usage des jeunes filles ».
Ce petit manuel tout droit sorti du XIXe siècle visait à apprendre à nos arrières-arrières-arrières-grands-mères les fondements de l’art ménager, pour en faire de parfaites épouses et mères de famille.
L’auteure, Clarisse Juranville (1826-1906), a écrit une série de livres pédagogiques à destination des jeunes filles.
Plutôt austère, non ?
L’exemplaire que je possède appartient à la 28e édition du livre… C’est dire s’il a rencontré un franc succès en son temps! Je n’ai pas trouvé la date de la première édition, mais elle doit se situer quelque part vers 1850.
La plupart des conseils donnés sont évidemment complètement désuets. On retiendra par contre quelques chouettes recettes de confitures (marmelade aux quatre fruits, confiture de raisin…) et de liqueurs (curaçao, anisette, liqueur d’oranges…).
Les trucs et astuces pour faire disparaître les taches et pour soigner les petits bobos sont sympas aussi. Et après avoir appris comment découper un lapin ou une volaille avec grâce et style, on sort grandie de cette lecture !
L’ouvrage comporte également un chapitre sur la couture, mais celui-ci est très décevant. L’auteure part du principe, sûrement vrai à l’époque, que toutes les jeunes filles connaissent déjà les différents points et techniques.
Du coup elle n’explique rien du tout et se contente de faire l’éloge des travaux d’aiguille pour les jeunes filles. Et même si j’adoooore les travaux d’aiguille, je suis quand même bien contente de vivre à une époque où coudre et tricoter est un choix et non pas une obligation.
Dans les quelques pages traitant du rôle de la couture dans l’éduction des demoiselles de Saint-Cyr, on apprend que selon Madame de Maintenon, la couture est nécessaire aux femmes parce qu’elle est un remède contre l’oisiveté.
Mais attention ! Si la » vraie couture de ménage », est utile et bénéfique, la couture » de pur agrément » est par contre inutile et dangereuse. Faudrait pas que ça soit joli quand même ! Ou pire… Horreur suprême… qu’on y prenne du plaisir (et qu’on se retrouve pour le coup en enfer pour l’éternité) !
Quelques petites pépites, juste pour le fun (attention… âmes sensibles et féministes s’abstenir) :
« Le rôle (de la jeune fille) au milieu des siens est tout de paix, de douceur, de condescendance, d’abnégation; elle doit toujours être prête à se sacrifier pour faire plaisir aux autres. N’a-t-elle pas pour récompense ce grand stimulant : se sentir aimée ! »
« Etudiez, cultivez sans cesse votre intelligence; mais que jamais vos devois de fille, d’épouse ou de mère n’aient à souffrir de vos études; qu’ils aient toujours la première place. »
« La science du ménage (est) la plus utile et la plus honorable science (donnée) à une femme. «
« Le linge mal blanchi est très désagrable à voir et… à porter. Les hommes sont généralement difficiles sous ce rapport, et ils manifestent de la mauvaise humeur quand leur col de chemise et leurs manchettes laissent à désirer »…
… Ben voyons ! C’est quand même vrai que ça met de fort méchante humeur ! Et puis, les pauvres… Ils vont quand même pas se mettre à repasser non plus !
Quoi qu’il en soit, je vous conseille vraiment de parcourir ce petit guide parce qu’un siècle et demi plus tard, on peut quand même en rire ! Pour les amoureuses du vintage, les petites gravures qui jalonnent l’ouvrage valent le coup d’œil.
Cliquez ici pour accéder à la version en ligne sur le site de la bibliothèque nationale de France.
1. On remercie le bon Dieu de nous faire vivre au XXIe siècle.
2. On remercie Saint Whirlpool et Sainte Miele à la lecture du chapitre sur la lessive. On leur brûle un cierge et on fait donner des messes.
3. On remercie son chéri qui, décidément, est quand même facile à vivre (rapport à la mauvaise humeur due aux manchettes et cols qui laissent à désirer).
Mon Dieu… heureusement que les temps ont quelque peu changés ! T’imagines comme ces pauvres femmes étaient considérées à l’époque ? Et j’ai été lire un peu le bouquin sur le lien que tu as mis, c’est déconné. » La jeune fille doit écouter son père lorsqu’il rentre du travail et écouter tous les problèmes qu’il a eu durant la journée en le plaignant et ensuite le distraire avec des chansons,… » J’en reviens pas LOL Et aussi, bien contente de ne pas avoir dû apprendre à couper un lapin, un poisson, plumer une poule etc. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pu apprendre à coudre à l’école. Comme dirait la grand-mère de mon(T)hom « c’est scandaleux, à l’heure actuelle les femmes ne savent même pas recoudre un bouton au pantalon de leur mari… » Et oui, la génération de ton bouquin n’est quand même pas si lointaine 🙂
Oui, apprenons aux petites filles ET aux petits garçons à recoudre un bouton !