Faisons un voyage dans le temps. Nous sommes en 1921, Coco Chanel a libéré le corps de ses contemporaines autrefois cadenassé dans des corsets rigides. Les femmes se coupent les cheveux, portent des robes droites aux volumes flous, fument la cigarette, boivent du whisky et dansent le fox-trot.
Et pourtant, malgré cette modernité ambiante et ces changements profonds des moeurs, des poches de résistance persistent. Pour faire évoluer les mentalités, il faut parfois des décennies.
L’article Eloge du corset, écrit par Georges-Armand Masson en 1921 pour la revue La Femme de France, est révélateur de ces résistances.
Notons que quand on parle du corset, il ne s’agit pas uniquement d’un simple accessoire de mode. Le corset contraint le corps et entrave les mouvements, ce qui a une influence directe sur le mode de vie de celles qui le portent.
Notre brave Georges-Armand Masson s’adresse aux jeunes demoiselles, et leur conseille de mener une petite expérience :
Dans un salon, repérez un vieux monsieur, grincheux, replet, ennuyeux, et à la tenue démodée. Demandez à ce « macrobite » — non ça ne veut pas dire ce que vous pensez (cessez donc avec votre humour graveleux), ça veut juste dire « un individu qui vit plus longtemps que la durée moyenne de vie de l’espèce considérée » (je vous rassure, je ne le savais pas non plus, je suis allée voir au dictionnaire… d’accord, sur wikipédia) — ce qu’il pense du corset.
Aussitôt le vieil homme s’émeut, s’indigne et s’oppose farouchement à cet instrument de torture imposé aux femmes. Non mais, quel rétrograde !
Passez maintenant à la deuxième partie de l’expérience. Repérez un jeune-homme, le plus joli garçon possible, et posez-lui la même question. Celui-ci rougit… Porterait-il lui-même un corset sous sa veste cintrée ? Ceci expliquerait sa taille de guêpe…
Pour l’auteur, le constat est clair : les adversaires du corset, ces « gens terribles », sont de vieux ringards qui n’entendent rien à la mode, alors que les jeunes qui sanglent leur silhouette dans une armature, eux, sont la modernité incarnée.
Je trouve ça drôle que, plus de 90 ans plus tard, la conception des choses se soit complètement inversée. Je pense que cet article nous en apprend finalement plus sur son auteur que sur le sujet traîté lui-même.
Mais j’y pense, cet auteur ne serait-il pas un homme ?… Tiens tiens…
Si vous avez un peu de temps devant vous, je vous conseille la lecture de l’article complet (5 minutes maxi). Il est vraiment comique. C’est ici : Eloge du corset
Les photos de la tenue de mariage « sur la bête » arrivent. Je n’ai pas encore eu le temps de les retravailler mais je remédie à ça au plus vite.